L’impact de l’UE perçu par les citoyens
Un tiers des citoyens de l’Union européenne considèrent que l’Union a un impact positif (et à peu près autant qu’elle a un impact négatif). C’est ce que montre un récent sondage réalisé en Europe sur un échantillon représentatif de la population de l’Union, selon la méthode des quotas, pour la Chaîne télévisée ARTE et plusieurs journaux d’Europe afin d’éclairer le contexte de la prochaine élection du parlement européen(1).
Le Brexit anglais a pourtant démontré que dans le monde actuel un vieux pays européen, aussi grande soit sa puissance passée, ne pèse plus grand chose à lui seul sur la scène internationale. Cela est vrai tant sur le plan économique que sur les plans militaire ou diplomatique.
Les pays de la vieille Europe ne peuvent que s’unir pour peser sur l’évolution de notre monde et tenter d’y défendre nos valeurs démocratiques. Le besoin de coopération est principalement ressenti en matière de défense commune et d’immigration mais aussi en matière environnementale, sociale et même fiscale.
Mais la sournoise campagne permanente de désinformation engagée par les fermes de trolls pro-russes cherche à discréditer toujours plus notre Union.
La tour de Babel européenne
Les difficultés rencontrées, qui donnent parfois l’impression que notre Europe est une tour de Babel résultent des institutions de l’Union. Celles ci ont été définies pour rassurer les pays membres lors de la constitution de l’Union et relativement adaptées à une union à 6 pays fondateurs: les trois pays du Benelux, l’Italie, la France et l’Allemagne.
Mais aujourd’hui, la règle de l’unanimité s’applique en matière fiscale, de défense et politique étrangère, de justice, de politique sociale, de citoyenneté, de modification des traités et de nouvelle adhésion.
Cela permet à un seul pays (la Hongrie de Monsieur Orban par exemple) de bloquer certaines décisions.
Comment sortir de cette impasse qui conduit immanquablement au découragement et au désintérêt des jeunes pour ce bidule européen ? Celui-ci est en effet si complexe et si lourdingue qu’il met un temps infini à décider puis à agir souvent avec un temps de retard dommageable pour tous les pays membres (Comme c’est le cas en matière de politique industrielle ou de finances européennes).
La superposition des traités permet d’envisager la création d’une nouvelle structure de coopération entre pays volontaires
La coopération européenne ne se limite pas à l’UE, il existe en effet l’OSCE à laquelle adhèrent de nombreux pays européens et extra européens en matière de sécurité, l’OTAN en matière militaire, le Conseil de l’Europe, le Norden qui regroupe les pays d’Europe du nord, l’AELE et l’Espace Economique Européen.
> Il est donc possible pour les pays européens qui le souhaiteraient de définir une nouvelle organisation (une sorte d’ « Eurocoop »)
. Cette structure pourrait instituer une coopération renforcée, que certains hommes politiques (Angela Merkel, JC. Juncker) et certains économistes (comme T. Piketty) appellent de leurs vœux depuis déjà longtemps (2). Cette organisation pourrait fonctionner sur la base d’une règle de décision à la majorité. qualifiée telle qu’elle est définie par l’Union Européenne aujourd’hui.
Les pays européens volontaires pourraient mettre en œuvre dans cet espace une harmonisation fiscale et sociale. Mais il pourrait s’agir également d’une réelle coopération militaire, d’une politique industrielle commune ambitieuse. Celle-ci permettrait la mise en place d’une industrie respectueuse de l’environnement tournée vers la production de biens s’inscrivant dans la transition écologique par leur conception, leur usage et le mode de consommation qu’ils induisent. La réindustrialisation de l’Europe deviendrait progressivement une réalité pour peu que les droits de douane rééquilibrent le jeu concurrentiel.
Une dynamique serait ainsi créée au sein de l’Union Européenne dont le fonctionnement institutionnel ne se trouverait affecté que positivement.
> L’Europe se crée aussi dans la vie des citoyens des différents états membres
L’Union Européenne doit faciliter l’émergence de projets internationaux en son sein, entre entreprises sur le plan économique et financier comme entre associations sur le plan économico-culturel. Pour faciliter de tels projets, un budget de soutien est nécessaire qui doit être simple et rapide à mobiliser sur la base d’un projet (constitué de la même façon que l’on construit un business plan ou une demande de prêt bancaire aujourd’hui). Ce soutien financier aux micro projets internationaux intra-européens deviendrait un droit accordé par un organisme d’agrément vérifiant leur cohérence.
Ces projets internationaux soutenus par l’UE constitueraient progressivement un véritable maillage européen basé sur des projets de taille variable comme autant de ruisseaux concrétisant l’Europe dans la vie de tous les jours.
> L’Union européenne doit également fournir un effort permanent d’explication.
Explication des enjeux, des contraintes et des choix qui sont faits par la commission, le Conseil et le Parlement européen. Non seulement sur le site de l’Union européenne mais aussi sur les chaînes de radios et TV et les réseaux sociaux.
Cet effort d’information permanent doit s’adapter aux différents médias et aux différents publics visés. C’est la seule façon de contrer l’action de désinformation de la Russie évoquée plus haut.
Notes:
- https://www.arte.tv/sites/corporate/files/concerns-and-global-perception-of-the-eu-citizens.pdf
- Pour un traité de démocratisation de l’Europe, Thomas Piketty, Stéphanie Hennette-Vauchez, Guillaume Sacriste, Antoine Vauchez, 2017